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Epistoles-improbables - Blogue-notes de Jean Klépal

La bouffonnerie de l’art contemporain (suite)

18 Mai 2015 , Rédigé par Blogue-note de Jean Klépal Publié dans #Art contemporain ; Peinture ;, #Ministère de la Culture ; DRAC ; FRAC ; Art

Suite à la parution de son livre (La bouffonnerie de l'art contemporain) signalée par mon précédent article, Nicole Esterolle vient de rendre publiques quelques « Réactions après la lecture de mon livre... maintenant on fait quoi ? »

L’évidence et la pertinence de ces propos sont telles que je ne puis que les relayer.

Voici les principales remarques qui lui sont adressées, et ses réponses, qui ne valent pas uniquement pour le monde de l’Art. Chacun en conviendra.

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Remarques :

« Au lieu de critiquer, ne pourriez-vous pas essayer d’être constructive ? »

« Et puis, c’est bien beau de vouloir la fin d’un système, mais que proposez-vous à la place ? »

Réponses :

- Quand vous tentez de stopper les ravages d’une logique ou d’une mécanique incontrôlable et décérébrée, qui écrase et casse tout dans le paysage de l’art, ça n’est pas pour mettre autre chose à sa place, c’est simplement pour arrêter le carnage et faire en sorte que la nature reprenne ses droits.

- Quand une personne s’est fait enlever un énorme fibrome qui empoisonnait sa vie, elle ne demande pas au chirurgien de lui mettre autre chose à la place, non, ce qu’elle souhaite c’est revivre normalement et librement.

- Quand on dit qu’il faut arrêter l’usage des engrais, pesticides, etc., qui tuent les sols, ça n’est pas pour qu’ils soient remplacés par d’autres poisons, non, c’est pour permettre aux micro-organismes vivants, à la flore et à la faune de se reconstituer naturellement.

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Et bien dans le domaine de l’art je pense que c’est la même chose. S’il faut absolument se débarrasser au plus vite de ce bulldozer bureaucratico-financier institutionnel stupide et dévastateur qui sévit depuis 4 décennies, ce n’est pas pour le remplacer, non, c’est simplement pour que toutes les floraisons artistique puisent à nouveau s’épanouir naturellement et librement dans toute leur diversité.

Et c’est bien avec cette reconnaissance, pour tous les artistes de ce temps, de tous bords, de toutes tendances, de toutes origines et de tous « niveaux », d’une égalité du droit de vivre, de créer, de parler, et d’être vus, que pourra se faire, non pas un aplatissement où « tout se vaut », comme le craignent certains faux exigeants, mais au contraire une réorganisation du champ de l’art, une reconstruction de vrais critères d’évaluation esthétique, l’établissement de hiérarchies justes, des retrouvailles avec le public des vrais amateurs d’art aujourd’hui désorienté et la dynamisation de libres systèmes de diffusion de l’art...

C’est sur cette « plateforme » élargie, prenant en compte l’intégralité de ce vivier riche de toutes les espèces florales existantes, que pourra se faire la mise en place d’instances d’évaluation, et de décision, émanant dès lors des artistes réorganisés et solidaires ainsi que de l’ensemble des acteurs de l’art.

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Mais pour revenir à :

1- ce qui est de « il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain », je pense qu’on peut jeter l’eau du bain pour sauver le bébé quand elle est trop sale.

2- ce qui est de « au lieu de détruire, ne pourriez-vous pas essayer d’être constructive », je pense que détruire ce qui est destructeur est une façon de construire ou de favoriser la reconstruction...

3- ce qui serait une proposition « constructive » immédiate, je pense qu’il faudrait pouvoir convaincre le gouvernement de faire en sorte que le Ministère de la culture cesse d’intervenir dans le champ de la création artistique pour laisser artistes, galeries, amateurs d’art s’organiser entre eux et reconstruire ensemble leurs systèmes de légitimation de l’art...

Et c’est cette oppression de la référence officielle, obsessionnelle, délirante, totalitaire, du « tout contemporain-international », qui permettrait qu’en France on cesse de nier les évidences, on revienne aux réalités, à la région, au « terrain », aux « terroirs », au local, aux individus vivants, à la peinture, à l’expression de l’imaginaire et du sensible... enfin à tout ce qui fait le plaisir de vivre et d’aimer l’art.

(pcc Nicole Esterolle)

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A
Merci, Jean, de diffuser ces réponses très pertinentes de Nicole Estelle, aux sempiternelles objections des poules mouillées. Comme si l'esprit critique véritable n'était pas la condition même de toute action efficace ! Comme s'il fallait absolument savoir d'avance ce qu'on va faire et comment et où avant de lever le petit doigt !<br /> Ce qui me frappe dans l'universelle lâcheté contemporaine, c'est l'extraordinaire ingéniosité des prétextes qu'elle parvient toujours à se trouver pour accepter l'inacceptable… et si possible en profiter !<br /> J'en parle justement à propos du massacre actuel du français dans le texte publié hier sur mon blog…
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D
Superbe! <br /> Merci <br /> François
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