Il n'est pire sourd...
L’examen des faits, leur simple prise en considération, entraine parfois des constats insupportables, tant peut faire peur leur énonciation. C’est ainsi qu’au cours d’un échange l’accord peut exister entre les interlocuteurs jusqu’au moment où l’un d’eux rompt par un « oui, mais... ». Le « mais » représente alors l’émergence d’un point infranchissable au-delà duquel l’angoisse est si forte que la raison défaille tandis que le déni l’emporte.
Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
Reprenant à mon compte une expression que je dois à Alain Sagault, je me vois confronté à d’insurmontables hourvaris offusqués lorsque je qualifie libérale-nazie l’époque que nous vivons depuis au moins deux décennies.
Nazie est de trop, le terme et ce qu’il recouvre font si peur que son emploi pour aujourd’hui ne peut être qu’excessif. Et pourtant...
L’Histoire ne s’est pas plus arrêtée à Auschwitz , comme voudraient le faire croire certains, qu’elle ne s’est arrêtée à la Saint-Barthélemy. Un même processus poursuit invariablement sa route, tout en modifiant ses apparences et en adaptant ses modalités selon les opportunités du moment.
Dans tous les cas, il s’agit de détruire l’autre, l’étranger qui sournoisement nous ressemble et de ce fait menace et notre confort et notre volonté de puissance. Cela va bien avec les déclarations de l’Ubu étasunien se désolidarisant du reste du monde pour tenter de retarder l’échéance fatale dont l’engrenage est en marche.
Comment autrement qualifier ces faits de notre quotidien immédiat ?
- Depuis des années la Méditerranée fait office de triage pour des milliers de désespérés promis à la noyade, sans que l’Europe ne s’émeuve vraiment et intervienne avec quelque volonté collective d’aborder clairement les questions posées en amont par une migration croissante due essentiellement aux conséquences de la « mondialisation » et à l’accroissement des inégalités qu’elle engendre.
- A Calais, à Paris, et sans doute ailleurs, les misérables protections que sont les tentes, les bâches de protection, les sacs de couchage, les couvertures offertes aux migrants par quelques associations de soutien, sont détruites et mises à la décharge par la police. D’où viennent les ordres, comment sont-ils transmis ?
- Au col de l’Echelle, entre Bardonecchia et Névache, la chasse à l’homme est ouverte. Combien de corps seront-ils retrouvés au dégel du printemps ?
- Nombreuses désormais sont les inculpations de personnes compatissantes, tout simplement humaines, apportant une assistance quelconque – transport vers un lieu d’accueil, hébergement provisoire, etc. – à des malheureux en perdition. Aider autrui en danger est devenu un délit !
- Le lavage des cerveaux, dont BFMTV est le grand spécialiste avec d’autres médias, fonctionne à plein. La novlangue nazie étudiée par Viktor Klemperer (LTI) comme outil de propagande est en filigrane.
Alors, y a-t-il vraiment outrance ?
Je suis curieux des commentaires.