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Epistoles-improbables - Blogue-notes de Jean Klépal

Propagande ? Comment se fait-il ?

12 Juin 2020 , Rédigé par Blogue-note de Jean Klépal Publié dans #Propagande, Communication, Démosthène, Jules César, Concile de Trente, Paradis

 

(Rencontre surprise dans un lieu classé « secret défense ». Echange enregistré clandestinement au moment de l’invasion de la France, en 1940.- source La langue ne ment pas, film de Stan Neumann -)

Jules César (admiratif) :

- Si j’avais disposé de chars comme ceux de la Wehrmacht, j’aurais envahi la Germanie en un tournemain.

Pierre le Grand (songeur) :

- Si j’avais disposé d’une aviation comme la Luftwaffe, j’aurais soumis l’Univers

Napoléon 1er (amer) :

- Si j’avais eu un ministre comme Goebbels, personne n’aurait jamais su que j’ai perdu à Waterloo.

 

Fake news, bobards, rumeurs, sondages, statistiques, enquêtes simulées, radio-trottoir, réseaux « sociaux », interviews bidonnés, panels truqués, photos retouchées ou détournées documents falsifiés, boucs émissaires, …

Répétez, répétez, plus c’est gros, plus ça a de chance de passer, plus ça a de chance de s’imprimer dans des cervelles soigneusement embrumées.

 

Propagandastaffel, un papier du 19 février 2019, aborde déjà la question sur ce blogue.  Souvenir de ce qui s’est déroulé durant toute la période de l’Occupation en France, au début des années 40. Promptement repris à l’époque par le régime de Vichy, ce qui était le fait de l’occupant nazi, s’est insidieusement installé depuis dans notre quotidien, jusqu’à une banalisation totale.

Par propagande nous entendons l‘emploi d’un ensemble de techniques de persuasion pour propager opinions, idéologies ou doctrines au sein d’une population cible dont on veut modéliser les comportements et les décisions. Les données factuelles objectives faisant très souvent obstacle, il convient de les maquiller dans le sens voulu, tous les moyens sont bons pour ce faire.

Après deux guerres mondiales et les méfaits des Etats totalitaires, le terme propagande a pris une connotation très péjorative. Ceux de communication, la com’ pour les initiés, ou de relations publiques ont pris la relève pour désigner une marchandise identique. On peut ranger la publicité commerciale dans la même catégorie, magie du langage passe-partout.

 

Venue de loin dans l’histoire, qu’elle soit religieuse, nazie, communiste, ou capitaliste, qu’on la masque ou non, la propagande marque nos sociétés. Plus nettement depuis la première guerre mondiale, ou « contrôle de l’information » et « bourrage de crâne » ont commencé de se constituer en système délibéré.

Démosthène, présentant Philippe de Macédoine comme un ivrogne barbare (Philippiques), et Jules César se parant de tous les lauriers possibles avec sa Guerre des Gaules, ont inauguré le genre. Bien plus tard, le XVIe siècle a vu le Concile de Trente poser les prémices de la création de la Congregatio de propaganda fide (Congrégation pour la propagation de la foi en terres de missions).

Entre temps, le haut Moyen-âge avait connu une évolution sensible de la conception du Paradis. De Jardin des délices initial, il s’est peu à peu transformé en une projection céleste du système politico-religieux d’alors, l’Eglise avec sa hiérarchie s’y trouvant justifiée par la présence du Trône tout puissant (évêque, prince), d’anges et d’archanges, chérubins et séraphins, auxquels viendront s’adjoindre les Saints, à la Contre-Réforme du Concile de Trente (nobles et fidèles). Peut-être pourrait-on voir là l’origine de la sacralité omnisciente du Pouvoir temporel, qui se perpétue cahin-caha jusqu’à  nos jours.

Voici de quoi expliquer et comprendre sans doute la méticuleuse incapacité des gouvernements qui se succèdent à peu près sur l’ensemble de la planète à ne pas reconnaître leur ignorance et leurs lacunes. Intermédiaires évidents entre le Ciel et la Terre, le non savoir ne peut nullement les affecter ; la perpétuation d’un mensonge quotidien s’impose à eux comme une évidence. La très récente période du confinement est exemplaire à ce sujet.

 

Techniques et méthodes sont désormais bien au point. Leur efficacité n’est plus à démontrer, leur grossière simplicité pourrait-être un gage de leur efficacité, tant leur sert l’aveuglement qu’elles entrainent.

- Le culte de la personnalité, si décrié après Mussolini, Hitler, Staline, Mao (et même… de Gaulle), demeure avec l’immunité présidentielle et l’extrême concentration des pouvoirs propres à la 5e République.

- La manipulation de l’Histoire (mention « très bien » pour de Gaulle, Mitterrand, Sarkozy et Macron) entretient une bienfaisante confusion.

- A la défunte ORTF gaullienne, et à La voix de l’Amérique du temps de la guerre froide, a succédé la prise en main des principaux médias par de grands groupes industriels et financiers dictant les contenus à développer ou à omettre.

- Les émissions politiques agrémentées de pseudo débats ou de panels avec des invités surprise dont la soigneuse sélection est dissimulée, entretiennent l’illusion d’une liberté de parole spontanée.

- La présentation de statistiques non référencées confère une apparence pseudo scientifique à de fréquentes contre-vérités ; les chiffres ça fait toujours sérieux… Radio et télévision ont leurs spécialistes vedettes.

- La production de documents falsifiés (flacons de substances toxiques, Colin Powell, guerre d’Irak ; études The Lancet, traitement du coronavirus…) est un classique du genre, tout comme la diffamation.

- L’entretien d’une peur collective (retour du péril rouge alors que la droite est en mauvaise posture à Marseille ; mensonges et approximations, crise des Gilets jaunes, confinement et déconfinement, violences policières…) permet l’adoption tranquille de mesures liberticides (état d’urgence et compagnie, modifications de la Constitution, bouleversement du Droit pénal).

- Le mésusage de la langue (généralisations et simplifications abusives, détournement et affadissement des mots, imprécisions intentionnelles, déformation des faits…) provoque un bénéfique effet de confusion.

- Le bouc émissariat de minorités (juifs, arabes, noirs, jeunes, immigrés, chômeurs…) justifie l’absence d’examen de responsabilités.

 

Merci au confinement-déconfinement de me fournir l’occasion de ce rapide état des lieux, en forme d’indispensable survol hygiénique, variante des gestes barrière tant préconisés.

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