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Epistoles-improbables - Blogue-notes de Jean Klépal

Nous y sommes !

3 Novembre 2020 , Rédigé par Blogue-note de Jean Klépal Publié dans #Edwy Plenel, Médiapart, catastrophe, Patriot Act

 

Ce papier mijotait au coin de mon clavier. Le hasard a fait que j’ai aperçu M. Edwy Plenel, le directeur de Médiapart, au détour de mon écran. J’ai repris ma préparation culinaire, et la voici bonne à servir. Reste à savoir comment les convives l’apprécieront.

Le temps n’est plus de nous demander ce qui va arriver, de nous interroger sur les catastrophes à venir. Elles sont là désormais, propres à entretenir un vent de panique absolument mortifère. Vent de panique illustré par l’incohérence des décisions et la stupidité de certaines déclarations officielles telles que, par exemple :

1 – M. le Ministre de l’Education Nationale déclarant à des élèves vers la fin septembre, « on vient à l’école vêtu de façon républicaine ». Qui saura décrypter le sens profond de cette affirmation pour la traduire en directive claire et appropriable par les intéressés ?

Le même, peu avare de ses efforts, a eu la bonne idée de faire lire aux élèves du second degré une lettre caviardée de Jean Jaurès, lors d’un hommage national au professeur assassiné avant les vacances de la Toussaint. Censurer un texte pour défendre la liberté d’expression, il faut y penser !

2 – M. le Ministre de l’Intérieur, solennel, « on cherche à combattre une idéologie, pas une religion ». Qui saura évaluer la subtilité de cette formulation pour en faire une défense efficace contre la discrimination galopante ?

3 – M. le Premier Ministre concluant une visite à Marseille par une lapalissade : « soulager l’hôpital, c’est ne pas tomber malade ». Gloria, l’eau chaude est réinventée ! M. Jourdain se surpasse, Molière est menacé !

4 – M. le Président de la République faisant des caricatures l’emblème de la liberté d’expression.

5 – La cacophonie gouvernementale autour de la mise en place des mesures accompagnant le second confinement : commerces de proximité et grandes surfaces, biens de nécessité première et autres, dispositions matérielles concernant les établissements d’enseignement, couvre-feu, etc.

Que sont ces catastrophes redoutées, désormais présentes en bloc, dont quelques drôles essaient encore vainement de masquer la conjonction ?

- Une catastrophe sécuritaire avec un terrorisme incontrôlable propre à faire basculer le pays dans la terreur. Cette sauvagerie terroriste est issue du croisement d’un aveuglement barbare avec d’inqualifiables amalgames entre islam et  islamisme.

- Une catastrophe sanitaire non maîtrisable, facteur de panique et source de décisions aberrantes, sinon incohérentes, en grande partie dues à une stupéfiante impréparation.

- Une catastrophe écologique dont la réduction considérable de la banquise arctique témoigne de manière indiscutable.

- Une catastrophe sociale avec l’accroissement des disparités et les fractures qui les accompagnent.

- Une catastrophe démocratique avec la haine des libertés, le développement des mesures répressives et l’infantilisation généralisée.

Le tableau est terrifiant.

La libre pensée, la réflexion, la force nécessaire à l’action font de plus en plus défaut. Les médias ne sont plus d’aucun recours. Ils sont déconsidérés par leur servilité, ils ne font que recycler en permanence du déjà vu, du déjà dit, du pré conditionné, de la propagande. La manière dont l’opinion a été travaillée pendant les jours précédents l’intervention du Président annonçant le reconfinement est exemplaire à ce sujet. De légers suintements en légers suintements, la mise en condition fut digne d’un Etat totalitaire.

Le Pouvoir s’isole de plus en plus. Mensonges permanents (les masques, les tests…), confusions (confinement, déconfinement, couvre-feu, reconfinement), secret de l’entre soi entre décideurs et spécialistes experts de tous poils, état d’urgence, déni de la représentation parlementaire, absence dramatique de contre pouvoir, anéantissent toute hypothèse de concertation. L’aveuglement, la répression et la violence règnent.

Les terroristes voulant désintégrer l’Etat ne sont pas loin d’avoir gagné, de même que l’extrême droite partisane d’un Etat policier en lieu et place d’un Etat de droit. Le défaut  d’alternative crédible sur la rive opposée leur laisse le champ libre. Merci aux apparatchiks de gauche englués dans leurs médiocres querelles !

La déliquescence est mondiale. La liberté de penser est partout pourchassée. Les Etats-Unis ont ouvert le ban avec le Patriot Act, après les attentats du 11 septembre 2001, et les interventions au Proche-Orient. L’élection de Trump en 2017 fut la cerise sur le gâteau.

Que nous reste-t-il ?

Résister, ne pas se soumettre, être vigilants, cultiver et développer le scepticisme à l’égard de tout ce qui nous est asséné, chercher à décrypter en permanence ce qui est vraiment dit, comment, par qui, dans quel but. Naguère la question était D’où parles-tu ? Il serait bon, urgent, d’y revenir.

Et puis aussi échanger, échanger avec nos semblables. Ecouter, décoder à plusieurs.

Dérisoire, vain, peu efficace ? C’est tout ce qu’il nous reste, allons-y sans retenue, le dernier carré se doit de tenir ! Tant qu’il en restera quelques-uns l’espoir (très affaibli) demeurera.

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S
À l'usage des amateurs d'écriture inclusive, je précise qu'hommes désigne évidemment ici l'espèce humaine tout entière, tous genres réunis, les femmes et le enfants m'ayant toujours semblé faire partie de l'espèce au même titre et avec la même dignité que sa partie masculine. Mon âge canonique m'autorise peut-être cette insupportable licence…
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S
Ce que tu proposes suppose me semble-t-il que reste entière la liberté d'expression, et que tous les points de vue puissent s'exprimer. Ce n'est pas en pratiquant l'autocensure que cette condition sera remplie. Considérer que ménager les susceptibilités au point de balayer de vrais problèmes sous le tapis est sain, c'est s'interdire non seulement de parvenir à un vrai consensus mais encore rendre impossible toute action efficace.<br /> Par ailleurs, tu énumères, sans aucune hiérarchie, et comme si elles n'étaient pas fondamentalement reliées entre elles, toute une série de crises. Or il me semble qu'elles n'ont pas toutes le même degré de gravité, d'une part, et que d'autre part elles sont le fait d'une vision du monde consubstantielle à l'espèce : c'est l'humanité en tant que telle qui est en crise, et pour l'instant il s'agit à mes yeux d'une crise finale. Même si elle devait survivre, ce dont je doute, l'humanité à venir sera une autre espèce, que nous ne sommes pas réellement en mesure d'imaginer, mais dont les rêves délirants des transhumanistes peuvent nous donner une idée qui me fait moins regretter notre éventuelle disparition, même si je considère qu'il y a là un gâchis monstrueusement criminel.<br /> Je ne vois pour l'heure d'espoir que dans le fonctionnement de petits groupes concrètement actifs d'hommes de bonne volonté acharnés à maintenir la vie et la joie de vivre envers et contre tout. Dire que cela peut suffire serait bien aventureux. Mais au moins, cela maintient non pas tant l'espoir que le partage, ici et maintenant.
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B
Le stade ultime auquel nous sommes rendus me parait rendre vaine la hiérarchisation des catastrophes. Elles nous sautent à la gueule, plus tôt qu'imaginé, Leur conjonction les rend d'autant plus redoutables et quasiment insurmontables. C'est la Vie dans son ensemble qui est mise en péril, à cause des pulsions mortifères, inhumaines, progressivement libérées depuis l’entrée dans l'ère industrielle et le capitalisme correspondant. Il y a environ deux siècles, avec une épouvantable accélération depuis environ six à sept décennies.<br /> L'avenir de nos petit-enfants est terrifiant. Que deviendront-ils ?<br /> Hurler notre indignation pour espérer demeurer debout le plus longtemps possible et rencontrer quelques-uns de nos semblables avec lesquels partager notre rage de vivre, voilà à peu près ce qu'il nous reste.
A
Bonjour Jean et M. Sagault.<br /> <br /> 1. Des forces profondes modèlent l'Humanité depuis les VI et Vème av. J.C et l'apparition des grands courants religieux (de 500 av. J.C à 500 apr. J.C) : hindouisme, judaïsme, bouddhisme, taoïsme, zoroastrisme, christianisme, shintoïsme, islamisme.<br /> <br /> Ces forces profondes sont l'ADN des clans, des cultures, des civilisations depuis que les chasseurs-cueilleurs ont commencé à faire "cité".<br /> <br /> Un vitalisme fluctuant des civilisations, de ces courants religieux est à l'œuvre.<br /> <br /> Je suis trop ignorant sur ce sujet et y mets le point final.<br /> <br /> 2. Les temps géologiques et les "climats" (Précambrien, Phanérozoïque, Pléistocène, Paléolithique, Holocène) sont "creuset" des origines de l'Homme.<br /> <br /> Il est à noter, il me semble, que pour Homo Sapiens Economicus, les enjeux liés au climat, aux effondrements divers et variés (biodiversité, ressources, civilisations, Terre...) pourront être relevés grâce aux technologie menant irrémédiablement vers le transhumanisme et son corollaire de gouvernance mondiale.<br /> <br /> Mon "dada" du futur passage (après moult crises) de Homo Sapiens Economicus à Homo Deus transhumaniste avec une gouvernance mondiale me semble être étayé par notre époque pour qui veut s'intéresser de près aux rouages "macro"(domaine technologique et scientifique -IA, robotique, biomédical...- domaine militaire, domaine énergétique, domaine spatial, domaine économique domaine diplomatique).<br /> <br /> Bien observer que nous pouvons désormais modifier dans sa structure même les briques du vivant entre autres joyeuseté. Je ne sais pas si la population se rend bien compte des possibilités des nouvelles technologies présentes et à venir...<br /> <br /> Je le répète, il y a les vitrines des systèmes politiques et les arrières cours avec son lot de guerres :<br /> <br /> - posséder les ressources énergétiques (désormais les terres rares pour la transition énergétique (sic) vers le transhumanisme) et sécuriser les "routes énergétiques".<br /> - guerre économique<br /> - guerre d'influence et de déstabilisation (soft povver)<br /> <br /> Pour un exemple de tout cela voir ce qui se passe entre le zombi USA-Oncle Sam (sur lequel nous sommes alignés le doigt sur la couture du pantalon avec l'UE) et la Chine.<br /> Je donne ici deux sources qui peut faire "entrer dans le sujet" :<br /> <br /> Alice Ekman, Rouge vif. Editions de l'Observatoire.<br /> <br /> Reportage Arte :<br /> <br /> https://www.bing.com/videos/search?q=chine+a+la+conqu%c3%aate+de+l%27ouest&&view=detail&mid=4B2380C210648312CD964B2380C210648312CD96&&FORM=VRDGAR&ru=%2Fvideos%2Fsearch%3Fq%3Dchine%2Ba%2Bla%2Bconqu%25c3%25aate%2Bde%2Bl%2527ouest%26FORM%3DHDRSC3<br /> <br /> Pour ma part, voilà bien longtemps que je suis en marge de ce fonctionnement, je peux dire d'ailleurs que j'ai fait sécession pacifique. L'existence est au plus près, à même, près de soi, sur les territoires, vivons cachés dans la diversité des Hommes, des cultures et de leurs Arts. Pour moi l'Atlantique est mon viatique spirituel.<br /> <br /> Je mêle toujours mon existence à mes pensées, à ma poésie, pour moi tout est lié. Je laisse les ustensiles des gens de lettre, des artistes d'institution...<br /> D'ailleurs les artistes qui me nourrissent sont des hommes menant leur existence dans l'action, loin des cercles pompeux académiques : Antoine de Saint-Exupéry, Blaise Cendrars, René Char, Herman Melville...)<br /> <br /> En Art, il faut d'abord vivre. Exister. Non?<br /> <br /> Pour finir je reprend les mots de M. Sagault : <br /> <br /> "Je ne vois pour l'heure d'espoir que dans le fonctionnement de petits groupes concrètement actifs d'hommes de bonne volonté acharnés à maintenir la vie et la joie de vivre envers et contre tout. Dire que cela peut suffire serait bien aventureux. Mais au moins, cela maintient non pas tant l'espoir que le partage, ici et maintenant."<br /> <br /> Toujours avoir plus, produire plus, consommer plus. Maîtriser "la Nature" toujours plus. Toujours la compétition, la course au statut social ect ect<br /> <br /> Mais pour quel Homme?