Naviguer au plus près
Des échos affaiblis par la distance et la météo spécialisée me signalent l’étonnement de quelques lecteurs assidus, surpris d’un long silence. L’indifférence, l’ignorance, l’absence au quotidien, la zombification, n’ont donc pas encore totalement gagné la partie. Ainsi donc, rebelles, des souches d’espoir demeurent. Vivent les noyaux durs !
Frappé par le typhon du Covid, je suis entré début novembre dans une zone d’opacité totale, une sorte de pot-au-noir, masse spongieuse vierge de toute référence possible, hors de tout repère. L’absence de quelque forme de conscience que ce soit rend cet épisode incomparable avec ceux que j’ai connus à l’occasion de précédentes poussées de curiosité extra temporelle.
Aucune vision, nulle sonorité, pas la moindre évocation : rien.
La disparition pourrai-je dire, parodiant Georges Pérec. Depuis, le moindre geste, ouvrir timidement un œil par exemple, est source d’effort rendant quasiment impossible, voire impensable, quoi que ce soit. Toute initiative, si mesurée soit-elle, se lever, changer de position, fait immédiatement long-feu. Une aide permanente est requise, elle permet d’éviter l’aspect Radeau de ka Méduse. Instabilité, fragilité, dépendance, épuisement, forment le menu permanent.
It’s a long way… A long, long way
Premier temps, navigation inconsciente, sans repère, ce qui rend inimaginable tout journal de bord. Le Raz de la Baie des Trépassés évité on ne sait par quel hasard, s’entame alors un voyage au long cours, à faible allure, le plus souvent à fond de cale, avec passages de hautes pressions fugaces en basses pressions durables.
Quel est le cap ? Probablement l’Ile du Salut, pour autant qu’elle demeure atteignable malgré l’errance et sa durée.
Etre soi-même objet de sa propre expérience, passionnant mais très exigeant !
Voici donc. Il n’aura fallu que deux jours et demi pour rédiger ce papier ! Patience et longueur de temps…
Amis lecteurs ne soyez pas trop exigeants sur ma capacité à réagir promptement à vos éventuelles interventions, pendant quelque temps encore.
Décembre 2020