Une grille de lecture possible
La lecture d’un récent article de Michaël Foessel, professeur de philosophie à l’Ecole Polytechnique, me fournit l’occasion d’élaborer une grille simple d’analyseurs auxquels confronter le mode de gouvernement que nous connaissons.
Alors que des pays comme la Pologne, la Hongrie (sans parler de la Turquie, de la Russie, d’Israël, et de quelques autres), se satisfont de l’usage du cadre formel de la démocratie (élections) pour oblitérer les dérives autoritaires auxquelles ils se livrent, et se prétendre hautement respectables, qu’en est-il chez nous ?
Elections
Le système électoral est-il ou non dénué de toute forme de truquage ; la liberté de choix des candidats existe-t-elle ; les sources de financement des campagnes sont-elles connues et vérifiées ?
Les élus sont-ils astreints à un devoir de compte-rendu périodique de l’exercice de leur mandat avant son terme ?
Quel rôle et quel statut de fait sont réservés à l’opposition ? L’opposition peut-elle se faire vraiment entendre, ou bien est-elle réduite au rôle de figurant à négliger ?
(des élections « libres » suffisent-elles pour définir un régime démocratique ?)
Débat public
L’équilibre du débat public est-il assuré ou contraint par des règlementations limitatives propres à museler l’opposition ? (procédures législatives)
Le débat et la contestation par un contre-pouvoir sont-ils considérés comme légitimes ? (imposer le silence à l’opposition implique refus du pluralisme)
La véracité des affirmations, arguments, données factuelles, est-elle vérifiée ? Comment les manquements sont-ils sanctionnés ? (information ou propagande, clarté ou silence feutré)
Respect des lois et des institutions
La séparation des pouvoirs est-elle une réalité ? (respect de l’indépendance du pouvoir judiciaire)
Comment se garde-t-on d’une légitimation du verdict des urnes contre l’indépendance des pouvoirs ? (risque de populisme)
Dissensus
Le dissensus est-il considéré comme un défaut blâmable ou bien comme un ferment de la vie politique ? (la démocratie implique une culture de la confrontation)
Droits de l’homme
Les droits de l’homme (acquis à force de luttes collectives) sont-ils promus et respectés ou bien considérés comme des obstacles à lever ? (discriminations)
Exercice des libertés
La reconnaissance et l’exercice des libertés individuelles liées au droits sociaux élémentaires (satisfaction des besoins liés à l’existence) doit-elle ou non être liée au respect de valeurs supérieures ?
Alors sommes-nous toujours en « démocratie » (si nous l’avons jamais été), ou bien en voie de totalitarisme rampant ?
Questions simples, réponses aisées sans doute pour quiconque est attentif, ouvre les yeux, se garde du sectarisme dogmatique ou de l’aveuglement doctrinal, bref se comporte comme individu socialement responsable.