Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Epistoles-improbables - Blogue-notes de Jean Klépal

Passage en quatrième

5 Août 2021 , Rédigé par Blogue-note de Jean Klépal Publié dans #Jean Cocteau, Pierre Desproges, Principe d'autorité, René Dumont, Siné, Covid variante delta

 

«Puisque ces mystères nous dépassentfeignons d'en être l'organisateur.»

Jean Cocteau, Les mariés de la Tour Eiffel.

« Si la violence ne résout pas ton problème, c’est que tu ne frappes pas assez fort. »

Pierre Desproges

 

Exercice permanent de l’Autorité - Entretien de la Peur – Primauté de l’Urgence

Mode triptyque de gouvernement.

L’exercice permanent de l’Autorité favorise une assurance à toute épreuve, source de bienfaisante autosatisfaction, dispensant de justification sérieuse des décisions prises. Il permet également de tenir à distance les gêneurs et autres pinailleurs soucieux de précision, de contrôle, voire de réflexion, avec lesquels il s’avère totalement vain de perdre son temps.

Le recours aux ordonnances, la banalisation par prolongements quasi automatiques de mesures dérogeant au droit coutumier, rendent possible l’ignorance du pouvoir législatif réduit aux apparences, comme il amenuise le pouvoir juridique souvent confiné au strict juridisme conformiste.

Seul léger défaut de la cuirasse, l’exercice permanent de l’Autorité ne permet jamais de baisser la garde,  il contraint à une spirale de surenchère constante. La moindre défaillance peut lui être fatale. Le risque d’affrontements majeurs, vite incontrôlables, se dresse à brève échéance.

L’entretien de la peur possède le gros avantage d‘une efficacité immédiate, contagieuse, et durable. Il produit un terreau fertile, propice au développement rapide de nombreuses variétés de craintes individuelles et collectives. L’entretien de son jardinage est assuré par une cohorte   d’opérateurs recrutés dans la sphère politique, de l’économie et de la statistique, du journalisme en général. Au nom d’un certain principe d’autorité ecclésiale, ils jouissent encore de quelque prestige auprès d’une importante partie de la population. Grande presse aux mains d’affairistes de haut-vol, chaines télévisuelles d’information en continu, et radios affermées, forment un réseau de diffusion et de contagion très performant. Une sorte de pissat cérébral anesthésiant est ainsi chaque jour injecté à des millions de patients rendus inoffensifs par nécrose progressive indolore des lobes cervicaux.

Fabrique et entretien quotidien de l’ignorance produisent et maintiennent une population suffisante de ravis de la crèche, handicapés mentaux conviés de temps à autre à une cérémonie votive destinée à perpétuer ad absurdum  le système existant.

Et pendant ce temps-là, le climat, les conditions du maintien d’une vie animale et végétale sur la planète, oui, bien sûr, mais la croissance et le développement économique… Peu importe, il est sans doute déjà trop tard depuis longtemps. Insuffisant pour baisser les bras. Mourir debout, mais pas crever soumis, dirait à peu près Siné. Lors de la campagne présidentielle de 1974, René Dumont n’était qu’un aimable utopiste, une sorte de clown politique tout à fait insolite. Les évidences ne vont jamais de soi. Quand le doigt montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. Face au duel Giscard Mitterrand, le doigt, Dumont parlait écologie, la lune. La campagne fut mémorable, le résultat un fiasco (1,32% des votes).

La primauté de l’urgence plaque les nez à la vitre. Au nom de l’urgence tous les à-peu-près trouvent excuse. N’ayant plus aucun espace où se développer, la possibilité d’une quelconque réflexion disparait. L’absence de prévision, voire parfois d’une simple vision, font que l’événement immédiat exige une réponse, immédiate bien sûr, donc en urgence réflexe, donc stupide le plus souvent.

Il y a le feu. Il couvait, personne ni ne le voyait, ni même s’en souciait. L’important était de se délivrer des certificats anoblissant errements, incohérences, mensonges. La magie du Verbe devait parvenir à masquer les incompétences. Las, Delta plane ou pas, la quatrième vague est là. Que faire alors que l’on vient de relâcher un peu les contraintes, l’élection présidentielle se profilant en ombre portée ? Aucune autre issue immédiate que de froncer les sourcils, de menacer, de contraindre à une vaccination générale non obligatoire mais exigée pour essayer de mener une vie « normale », mais soigneusement encadrée.

Panique à tous les étages ? Nullement, nous nous donnons les moyens de passer pour de judicieux organisateurs. L’intendance finira bien par suivre, à coups de bâtons si nécessaire.

Bilan actuel du quinquennat : émergence d’un mouvement de protestation hors du commun, les gilets jaunes ; restriction continue des droits fondamentaux et des libertés individuelles. L’échec est patent ? Courage, persévérons !

Lire La Princesse de Clèves est inutile. L’Art et les artistes, de même. Jeff Koons vaut bien un Mucem.

Tu mélanges tout ! Oui, bien sûr, car tout se tient.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Du bel ouvrage que cette épistole. C'est réconfortant de savoir des mains semblables pour caresser un avenir - parfois il fait froid dans la marge.<br /> <br /> Que oui : "Tu mélanges tout ! Oui, bien sûr, car tout se tient."
Répondre
S
Bien pensé et bien écrit, merci, Jean.<br /> Mais nos voix dans le désert n'engendrent pas d'écho, seulement des "chut!" courroucés.<br /> Ne pas déranger les dormeurs, mais ronfler en chœur avec eux, sous peine d'ostracisme : prendre soin des autres, c'est veiller sur leur sommeil et soigner son insomnie en écoutant le doux ronron de la propagande de masse.
Répondre
A
Le ressenti est le même M. Sagault, mais nous sommes là - où ailleurs (aussi). Le "aussi" est pour les théories astrophysiques.