Quand un Prix Nobel de la Paix prend la parole...
Il y a peu quelques-uns se sont étonnés du silence des Prix Nobel de la Paix au sujet des événements atroces se déroulant une fois de plus à Gaza. Shimon Peres, Elie Wiesel et Barak Obama étaient notamment attendus, sans trop y croire cependant. Voilà qui arrive opportunément, l’un d’entre eux, Elie Wiesel, grande conscience s’il en est, vient hélas de prendre la parole.
Malgré le prestige international de son auteur, la direction du célèbre quotidien britannique, The Times, a refusé de publier une tribune dans laquelle celui-ci reprend l’allégation controversée jamais démontrée selon laquelle le Hamas se sert des enfants palestiniens comme de boucliers humains. Il est évident que si on prend délibérément pour cible des écoles ou des hôpitaux, les enfants qui s’y trouvent ne sont là qu’intentionnellement et que le crime n’incombe nullement à l’agresseur. Il est évident aussi qu’Israël n’est que dans son bon droit, paré de toutes les vertus, et soucieux du bien de l’humanité, comme il se doit.
Ce texte aussi sournois que violent a été parrainé par « The Values Network », une organisation fondée par le rabbin Shmuley Boteach pour promouvoir les valeurs juives universelles dans les milieux de la culture, des médias et de la politique. Il a été jugé trop à charge par les responsables du Times, ainsi que l’a rapporté le New York Observer.
Voici ce texte effarant publié le 12 août dans The Guardian, quotidien britannique moins regardant (traduction personnelle).
« Il y a plus de trois mille ans, Abraham avait deux enfants. Un fils avait été envoyé au désert où il risquait de mourir. Dieu l’a sauvé avec l’eau d’une source. L’autre fils était attaché, sa gorge livrée au couteau tenu par son propre père. Mais Dieu a arrêté le couteau. Les deux fils - Ismaël et Isaac – se virent assurés de devenir les pères de grandes nations.
Avec ce récit débutent le monothéisme et la civilisation occidentale. Et les pratiques cananéennes du sacrifice d’enfants à Moloch sont à jamais abandonnées par les descendants d’Abraham.
Sans l’être cependant.
Dans ma vie, j’ai vu des enfants juifs jetés dans le feu. Et maintenant, je vois des enfants musulmans utilisés comme des boucliers humains, dans les deux cas, par des adorateurs du culte de la mort qu’on ne peut différencier des adorateurs de Moloch.
Ce dont nous souffrons aujourd’hui, ce n’est pas d’une guerre des Juifs contre les Arabes, ni d’une guerre des Israéliens contre les Palestiniens. Il s’agit plutôt d’une guerre entre ceux qui défendent la vie et ceux qui glorifient la mort. C’est un combat de la civilisation contre la barbarie.
Est-ce que les deux cultures qui nous ont donné les Psaumes de David et les riches bibliothèques de l’Empire Ottoman ne partagent pas l’amour de la vie, de transmettre la sagesse et un avenir à leurs enfants? Et, peut-on discerner cela dans le sombre futur offert par le Hamas aux enfants arabes, d’être des kamikazes ou des boucliers humains pour des roquettes?
Les parents palestiniens veulent un futur prometteur pour leurs enfants, tout comme les parents israéliens. Les uns et les autres devraient se rencontrer dans la paix.
Mais, avant que les mères incapables de trouver le sommeil, à Gaza et à Tel Aviv, puissent trouver le repos, avant que les diplomates puissent sérieusement amorcer la reprise du dialogue… le culte de la mort du Hamas doit être regardé pour ce qu’il est.
J’appelle les Palestiniens à trouver de vrais Musulmans pour les représenter, des Musulmans qui ne mettront jamais délibérément un enfant en danger.
J’appelle le premier Ministre Cameron et les dirigeants du monde à condamner l’utilisation par le Hamas d’enfants comme boucliers humains.
Je demande au peuple britannique de se tenir fermement au côté du peuple d’Israël qui mène un nouveau combat pour sa survie, ainsi qu’à celui du malheureux peuple de Gaza qui rejette la terreur et soutient la paix.
Puissions-nous renvoyer le sacrifice des enfants aux ténèbres de l’histoire, et travailler à un futur meilleur avec ceux qui choisissent la vie, Arabes et Juifs confondus, chacun enfants d’Abraham. »
(Elie Wiesel – Prix Nobel de la Paix)
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Horreur et détresse.
La brutalité israélienne ne fait qu’accroitre la volonté de lutte des palestiniens.
Le processus est sans fin, et le simulacre de soi-disant pourparlers de paix à la mesure des dictats d’Israël ne saurait tromper quiconque. Pensons à ce qu’une Paix imposée aux seules conditions du vainqueur peut entraîner de désastres. L’évocation du Traité de Versailles à l’issue de la première guerre mondiale devrait suffire.
Depuis le début, la violence ne marche pas. Malgré cela Israël continue sans relâche sa politique de conquête et de destruction de tout espoir en Palestine. La poursuite d’une punition collective sans aucune issue possible, totalement inhumaine, est une conduite suicidaire. Sans les États-Unis, Israël ne tiendrait pas longtemps. Israël est peut-être en train de perdre sa cause en menant délibérément une guerre bestiale contre une population assiégée, affamée, considérée comme une sous-humanité.
La question n’est pas d’être pro-Israël ou pro-Palestiniens, c’est celle du droit de tout être humain, quelles que soient ses origines, à vivre dans des conditions acceptables qui est la seule à considérer.
Une protestation internationale est peut-être enfin en train de monter lentement, lentement.