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Epistoles-improbables - Blogue-notes de Jean Klépal

Festivités publiques et rituels de fin d'année

29 Décembre 2013 , Rédigé par Blogue-note de Jean Klépal

ILLUMINATIONS

Quelle obscénité que ces débauches de guirlandes lumineuses à l’indigence bêtement prétentieuse, disposées dans les endroits publics. « La Mairie du… vous souhaite de joyeuses fêtes » ; « Bon Noël et Bonne Année », clignotis clignotas clignotants.

Artifices dispensant de tout effort significatif, vomissures communales, fragiles barrières au délabrement social. Qui les réclame, qui les décide ?

Ces répugnantes pacotilles ont un coût, mais surtout une utilité : elles relient les orgies de foie-gras aux restos du cœur, marronniers de la "grande" presse.

Combien de repas pourraient être servis, combien de lits ouverts, au lieu de ces inutiles dépenses provocatrices ?

VŒUX

Chaque année à la même époque se reproduit la même comédie.

Il fut un temps, celui de mon enfance et de ma jeunesse, j’y souscrivais avec application, avec plaisir même. Les papeteries, quelques librairies, regorgeaient de propositions. Choisir des cartes particulières, parfois insolites, composer le texte ad hoc, souvent parfaitement insipide, choisir les destinataires en évitant d’en omettre, procéder à temps aux expéditions, constituaient une occupation singulière.

Il s’agissait souvent de se rappeler à quelqu’un que l’on n’avait pas vu l’année écoulée et que ne l’on ne verrait sans doute pas avant longtemps. Avant que les cartes ne devinssent d’usage, il convenait de visiter les personnes concernées. Les cartes permirent à la fois de se dispenser des visites traditionnelles, comme de l’entretien de relations purement formelles. Elles établirent peu à peu un geste en passant, n’engageant à rien, ménageant toutefois les susceptibilités supposées.

Les correspondants anglophones tiraient en général les premiers, l’usage voulait qu’ils envoyassent des Christmas cards ou des Season greetings que nous recevions avec joie et curiosité peu avant Noël. Je me souviens des guirlandes décoratives que nous composions avec elles. Leur nombre constituait un enjeu.

Pour nous français, la coutume était plutôt des Cartes de Nouvel An, à expédier juste après Noël, en veillant à ne surtout pas dépasser la première quinzaine de janvier. Le plus près du 1er était le mieux.

Longtemps l’usage s’est perpétué de disposer à la vue des familiers les cartes reçues. Un plateau de commode, un coin de bureau, un manteau de cheminée, constituaient des lieux appropriés à l’exposition. La fierté se nourrissait de la quantité et de la variété disposées.

La formule postale s’est progressivement tarie. Internet y est pour beaucoup avec sa faculté de se substituer au courrier traditionnel, qu’il bouleverse en le renouvelant.

Cet épuisement va sans doute de pair avec une prise de conscience de la vanité de ces échanges ritualisés, souvent aussi creux que banals : le bonheur, la santé, la réussite, et autres fadaises, « l’inversion » de la courbe du chômage…

Autant échanger des cierges auto-allumables. Sanctus, sanctus...

Que la tradition se perde n’est sans doute pas un mal en soi, pour autant qu’elle cède à une vérité et à une permanence des relations appréciées.

Mieux vaut se taire que de n’avoir rien de personnel à dire. Laissons aux officiels dont c'est le métier le soin de parler pour ne rien dire.

Cadeau du silence.

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A
Taisons-nous ensemble pour nous écouter vivre.<br /> Chut ! Voici la présence…
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M
Cher Jean, j'attendais avec impatience ce coup de gueule qui arrive à point nommé. J'adore le dernier paragraphe. Mais a qui profite ce doux moment? surement pas les resto du cœur mais plutôt la société de consommation et les politiques.<br /> N'oubliez pas de boire un coup avec vos amis le reste de l'année aussi.<br /> Cordialement, Mr Post.
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