Brèves (15)
Avis de gros temps
Un ministre du budget démissionnaire sur fond d’évasion fiscale, un ancien président de la République déprécié et mis en examen sur fond de tripatouillage financier, des juges violemment pris à parti (comme dans l’Italie berlusconienne), une élection partielle soulignant la perte de crédit du parti au pouvoir et l’attrait de l’extrémisme, un taux de chômage immaîtrisable, une manifestation anti-gouvernementale rappelant les ligues d’avant guerre, la politique financière européenne en pleine déconfiture, un gouvernement paraissant à la dérive, un actuel président déconsidéré…
Voilà qui renvoie à de sinistres précédents. Il serait grand temps d’affermir les manœuvres de l’équipage et de tenter une navigation autonome.
Lecture :
Une Citation
« Le vingtième siècle fut celui des masses. Les foules qui saluent les dictateurs, les libérateurs, et les masses déportées, exterminées. Les foules pourchassées, déplacées. Les foules qui passent les frontières. Les mouvements collectifs. Les manifestations. Et les grands magasins puis les supermarchés, hypermarchés. Les villes s’étendent, leurs habitants se multiplient, les bâtiments s’étirent, s’allongent, ils forment des cités striées de barres horizontales ou verticales. Toujours plus indifférenciés… les téléspectateurs se multiplient. »
(Cécile Wajsbrot – L’île aux musées – Christian Bourgois éditeur 2013 – 8€)
Un livre
Jean-Claude Michéa vient de publier aux éditions Climat (mars 2013) un livre dense et argumenté – Les mystères de la Gauche (134 p., 14 €) –. Une fois la lecture terminée, un constat en forme de confirmation s’impose : la Gauche socialio-solférinienne s’apparente depuis longtemps au stade suprême du capitalisme.
Mélenchon
Jean-Luc Mélenchon est l’un des très rares hommes politiques à avoir des choses à dire, et à parler clair (dans un registre très différent François Bayrou en est un autre). Et pourtant il ne semble pas qu’il réussisse à convaincre davantage que lors de la campagne présidentielle. S’il ne parvient pas à l’emporter c’est notamment parce qu’il se heurte sans cesse à des échotiers toujours plus sensibles à la forme qu’au fond qu’ils écartent soigneusement. D’où ses outrances langagières, sorte de martelage imposé pour tenter de se faire entendre.
Mais en se livrant à des attaques personnelles virulentes, soulignées à satiété par des interlocuteurs masquant ainsi la pertinence de ses propos, il tombe évidemment dans le piège pervers d’interviewers pour lesquels seules importent les apparences mousseuses de leur surdité délibérée.
Très présent, hyperactif, sollicité car avec lui le numéro est assuré, comment se fait-il qu’il se présente seul sous les projecteurs, sans laisser de temps à autre la place à l’un de ses commensaux ? Son talent et sa capacité de réflexion sont indéniables, sa principale faiblesse tient à ce qu’il prête le flanc à la meute chargée de le discréditer.
En son temps Marchais vitupérait les journalistes. La pantomime de Guignol rossant le gendarme faisait recette, mais cela n’est jamais parvenu à dépasser la célébrité médiatique si fortement entretenue par la société du spectacle permanent.
Niaiserie
Un canard désœuvré, dénué de tout argumentaire, barbote dans le marigot : à l’issue de l’élection partielle qui vient de se dérouler dans l’Oise, Harlem Désir demande à Jean-François Copé de clarifier la ligne de l’UMP face au FN.
Peut-on imaginer interpellation plus ridicule, plus dénuée de sens ?
Cette demande ahurissante témoigne d’une impuissance flagrante nourrie d’une absence totale de réflexion.