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Epistoles-improbables - Blogue-notes de Jean Klépal

Brèves (2)

11 Octobre 2012 , Rédigé par Blogue-note de Jean Klépal

Agriculture

Agressive, elle est devenue une arme de destruction massive parvenant à masquer son existence et son emploi permanent. Cette arme procède d’un arsenal richement diversifié : engrais chimiques et pesticides ; culture d’O.G.M. ; emploi généralisé des matières plastiques ; surpâturages et élevage intensif ; déforestation, défrichage et hachis sauvage de haies ; suppression de chemins ; terrassements et apports exogènes ; arrosages intempestifs ; plantations publiques non entretenues, disparition d’espèces et de variétés ; monopolisation de semences ; mécanisation démesurée, constructions sauvages, etc.

La guerre mondiale du commerce assaille la terre et le vivant.

 

Communication

Ce méchant mot s’est infiltré dans le langage en y provoquant des ravages. La mise en commun de propos, d’idées, de préoccupations, de questionnements, d’hypothèses, bref de réflexions et de connaissances, s’est muée en une simple affaire de technique et d’habillage publicitaire destinés à entretenir l’existant et à faciliter la prise de pouvoir de l’économique sur la société tout entière.

Parer des mensonges et des contre vérités et les emballer dans une langue aux senteurs boisées pour masquer la puanteur de la propagandastafel est devenu un art d’excellence.

La Com’ tente d’imposer partout le mirage pour contourner la réalité.Communication et démocratie, un attelage pour le moins bancal.

 

Complaisance

Etonnante et peu supportable la tendance de certaines « minorités » au repliement sur soi. Juifs, homosexuels ou noirs manifestent souvent cet appétit, en général au nom de l’Histoire. Que celle-ci ait été fatale à leurs ancêtres comme à nombre de leurs aînés ne saurait souffrir la moindre contestation. Discriminations, pogroms, esclavage, autant de faits indiscutables. Pourquoi aujourd’hui les ériger en véritables fonds de commerce plaintivo-revendificatifs ? Pourquoi faut-il que juifs et homosexuels éprouvent tant le besoin de se proclamer tels (les noirs en sont dispensés, cela va de soi) alors qu’on ne leur demande rien ? La conduite victimaire possède quelque chose de profondément déplaisant, de même que l’entretien méticuleux d’une différence affichée, vestimentaire, alimentaire ou autre.

Comment peut-on avoir le front de reprocher à l’autre une attitude de différenciation alors que l’on fait une bannière offensive d’une altérité dont on se pare ?

Comment, humain, peut-on vouloir se distinguer de la commune humanité ?

En quoi les criminelles horreurs du passé peuvent-elles se trouver imputées à des interlocuteurs sans autre attache avec ce passé qu’une Histoire nécessairement commune ?

Perverse l’influence de la Bible avec ses affinités électives et ses malédictions selon que l’on soit issu du fils préféré de Noé, Sem, adorateur du Nom unique, ou du fils maudit, Cham, homme du pays chaud, voué à l’esclavage puisque noir de peau.

 

Concertation

Terme obscur qui appartient à la langue de bois la plus classique, généralement employé alors qu’une situation est bloquée et paraît sans issue. Il désigne soit ce qui aurait dû se pratiquer avant toute décision importante et qui n’a pas eu lieu (ce qui permet donc de continuer à s’affronter), soit ce qui est proposé après une décision intempestive malheureuse afin de démontrer la mauvaise foi de celui à qui on cherche à imposer ce qu’il ne veut pas. Une croyance assez répandue prête quelque vertu magique à ce vocable, d’où son emploi fréquent.

Ce mot s’origine curieusement dans une idée d’affrontement entre athlètes (concertatio : lutte).

 

Familles Les belles familles » – J. Prévert, Paroles)

Simulacre et double langage règnent en maître. On prétend ceci ou cela, on prend la pose et on fait des mines sous divers prétextes empruntés à la plus parfaite hypocrisie bien pensante. D’autant plus ignorées qu’elles hurlent leur existence, les différences et les inimitiés jamais ne se trouvent évoquées. L’alibi des liens familiaux, véritable tunique de Nessus, empoisonne irrémédiablement des relations tissées d’intérêts non compatibles.

Ce qui se trame en silence enchaîne en permanence. Personne n’en dit rien, chacun éprouve l’état de fait en un silence confit. Le langage ne sert qu’à cacher. Dire afin surtout d’éviter de dire ; le Verbe s’est fait Taire.

Faire comme si seul importe. Un terrifiant processus de destruction de soi agit dans l’obscurité d’une feinte bienséance.

Unique objet de sentiment, l’Avoir pudiquement évoqué permet une avide et cynique indécence, le regard doucereux porté ailleurs.

Tout est crypté, gestes, paroles, silences.

L’opacité de la langue si justement décriée chez les politiques trouve ici son terreau.

 

Gauche

Nom commun féminin (archaïque), terme d’emprunt synonyme d’illusion optique.

Dans le langage courant sert à désigner le fonds de commerce d’un escamoteur. Au sens figuré, politique de gauche : faire prendre des vessies pour des lanternes.

« J’ai toujours été affligé que, dans le meilleur des mondes possibles, il y eut des cailloux dans les vessies, attendu que les vessies ne sont pas plus faites pour être des carrières que des lanternes ; mais je me suis toujours soumis à la Providence » - (Voltaire, cité par Littré)

 

Gracq (Julien)

Avec La littérature à l’estomac il dénonce dès 1950 la dérive marchande qui nous ravage aujourd’hui.

Un dramatique changement d’échelle des connaissances a induit à cette époque un double mouvement dans le public lecteur ou non (l’avoir vraiment lu a commencé à devenir de moindre importance pour s’autoriser à parler d’un auteur). Depuis lors, ce mouvement se caractérise a la fois par une dépendance commandant la recherche de cautions spécialisées pour se prononcer sur une œuvre (donc la perte de toute liberté de jugement à partir d’appréciations personnelles) ; ainsi que par une soumission à l’autorité établie entraînant des comportements de bête domestique acceptant la nourriture qu’on veut bien lui donner.

Gracq moque le spectre infra littéraire fait de braderies, congrès, vernissages, expositions, rencontres diverses et signatures, avec son corollaire la promotion du vedettariat des têtes d’affiche ; être une figure de l’actualité importe davantage que l’intérêt de l’œuvre. Aujourd’hui passer à la télé confère une incontestable autorité.

Près de soixante ans après ces considérations, pouvons-nous encore parler de littérature ? Si oui, où se terre-t-elle ? A quoi ressortissent Philippe Sollers, Jean d’Ormesson, Michel Houellebecq, Bernard-Henri Lévy, Michel Onfray et autres pisseurs de copies partout présents en têtes de gondoles ?

 

Guerres (de religion)

Aujourd’hui comme hier, le recours au religieux permet de légitimer l’action politique. Les guerres de religion (1517-1648), précédées et accompagnées par l’Inquisition, préfigurent les excès de la Révolution et les barbaries du 20è siècle. Il s’agit alors de détruire l’Autre parce que sa différence n’est pas plus admissible que sa liberté de conscience ; une simple anticipation du « nettoyage ethnique ».

La Révocation de l’Édit de Nantes n’est-elle pas aussi une discrimination raciste ?

Jules Michelet : « Que la terreur révolutionnaire se garde bien de se comparer à l’Inquisition ! Qu’elle ne se vante jamais d’avoir, dans ses deux ou trois ans, rendu au vieux système ce qu’il nous fit six cents ans ! (...) Qu’est-ce que c’est que les 16 000 guillotinés de l’une devant ces millions d’hommes égorgés, pendus, rompus, ce pyramidal bûcher, ces masses de chairs brûlées, que l’autre à montées jusqu’au ciel ? La seule Inquisition d’une des provinces d’Espagne établit, dans un moment authentique, qu’en seize années elle brûla 20 000 hommes (...) Mais pourquoi parler de l’Espagne, plutôt que des Albigeois, plutôt que des Vaudois des Alpes, plutôt que des Bégards de Flandre, que des Protestants de France, plutôt que de l’effroyable croisade des Hussites, et de tant de peuples que le Pape livrait à l’épée ? (...) L’histoire ... dira aussi que l’Église du Moyen âge s’épuisa en inventions pour augmenter la souffrance, pour la rendre poignante, pénétrante, qu’elle trouva des arts exquis de torture, des moyens ingénieux pour faire que, sans mourir, on savourât longtemps la mort... » (Histoire de la Révolution française)

 

Incohérence

Si souvent décrié par les redoutables champions de la bienséante cohérence son contraire offre quelques attraits.

L’incohérence a d’abord l’avantage de faire front à la morne unité logique des faiseurs de raisons et autres ratiocineurs ; elle admet des échappées poétiques sources de découvertes totalement inattendues. Grâce à elle des voies insolites peuvent être empruntées, le jeu des possibles s’enrichit en permanence par la saisie de l’insupposé qu’il offre. Si l’incohérence conduit à l’excentricité qu’elle en soit louée. Pouvoir s’ex-centrer apporte une liberté hautement appréciable car elle incite à se départir des idées obligées, balisées, communes, pasteurisées, pavlovisées, lyophilisées, allant de soi. Par cette liberté s’inscrivent le doute, l’ambivalence et l’irrespect, quoi de plus cher ? Des contradictions apparaissent ? La belle affaire ! C’est de notre humaine nature qu’il s’agit ; la vie vivante et non confite serait-elle cohérente ? Allers retours, divergences, diversions, la vie bouillonne, brouillonne. L’incohérence ne constitue certainement pas une fin en soi, elle n’a rien de condamnable cependant. Admise et reconnue pour ce qu’elle est, elle enrichit la personne par les éclairs dont elle se charge.

« On n’est fécond qu’à ce prix : être riche de contradictions » (F. Nietzsche « La morale, une anti-nature », in « Crépuscule des idoles » Folio, essais 2006).

Reconnaissons que si tout ceci paraît évident pour l’individu, des conséquences seraient à envisager pour les États et leurs administrés.

Une limite indépassable à l’incohérence : la canaillerie morale.

 

Information

C’est l’overdose, l’avalanche, le dégueulis permanent, jamais de répit. Nous savons tout sur tout, nous pouvons tout trouver sur tout, si bien que plus rien ne ressort, que l’uniformité gagne partout. En flots serrés, chaque nouvelle chasse les précédentes.

Nous savons tout des scandales grands et petits. Ils sont si nombreux que la plupart perdent leur caractère, sitôt dénoncés ils sont éventés, le scandale est normal, habituel, accoutumé, toujours relatif. Nous baignons dans l’eau fétide du scandale de droite, de gauche, de partout.

Plus nous savons, moins nous parvenons à nous insurger. S’insurger parait ridicule, inutile, vain, inadapté, hors de proportion. Le trop submerge, indigestion, intoxication.

Alors ? Comme Ulysse s’attacher au mât, se boucher les oreilles, porter le regard ailleurs pour franchir la passe.

IGNORER et poursuivre sa route avec les quelques compagnons connus, arts et littérature.

 

Israël

Ce que le 20è siècle a fait subir aux Juifs demeure inscrit à jamais comme une marque suprême de la barbarie dont l’homme est capable. Inadmissible, inexcusable, injustifiable. Une tache indélébile marque l’histoire de la France des années de guerre et d’occupation, rien ne la peut effacer, en reconnaître l’existence ne saurait souffrir aucune discussion.

Plus de soixante ans se sont écoulés depuis la Libération. La culpabilité a engendré une hypersensibilité à la question juive, comme si elle focalisait à elle seule toute l’horreur du racisme et de ses conséquences. Aujourd’hui, critiques fondées à l’égard de la politique israélienne ou simples réserves à propos de tel ou tel fait d’actualité sont abusivement taxées d’antisémitisme par des vigiles plus que sourcilleux. Il semblerait que l’histoire se soit arrêtée sans qu’aucune mise en perspective ne puisse jamais intervenir. La honte et l’effroi auraient comme annihilé toute possibilité d’actualisation. Les maux qu’ont endurés les juifs devraient les sanctifier à jamais.

Les générations postérieures à l’époque de la guerre, victimaires, érigent l’holocauste en une sorte de fonds de commerce. Qu’une agression soit commise contre un lieu ou contre un individu, elle suscite une émotion et des réactions décuplées dès lors qu’il s’agit soit d’une synagogue, soit d’une personne dont on découvre après coup la judéité. Non seulement la « communauté » et le CRIF se mobilisent et rameutent leurs troupes mais la classe politique emboîte le pas.

S’insurger est à chaque fois nécessaire, mais que ce ne soit pas à sens unique. Que ce ne soit pas non plus au prix du silence sur les menées fascisantes et colonialistes de l’État d’Israël.

Le fait que des Français, parce que juifs, soutiennent et justifient les actions du gouvernement israélien, qu’ils se comportent comme s’ils avaient la double nationalité, est peu admissible.

 

Représentativité

Comme démocratie voici un terme employé à tout bout de champ par ceux qui se drapent dans les apparences de la « représentation nationale ». Que vaut cette représentation ? Être élu constitue-t-il un gage quelconque ?

Que ce soit dans les Assemblées ou dans les partis, les diverses composantes de la Nation sont très inégalement présentes. Femmes, employés, artisans, jeunes adultes, responsables de partis ou d’organisations minoritaires, se trouvent souvent à l’écart de la table du banquet, ils sont invalides.

Les « notables », outre le cumul des mandats, gardiennent jalousement leurs prébendes ; certains s’enorgueillissent d’être en place depuis plusieurs décennies (cela peut aller jusqu’à cinquante ans, voire plus – VGE, Mitterrand, Chirac, pour les plus célèbres -), ils se prétendent représentants de la Nation, dépositaires de la volonté populaire. Cela n’est possible que parce que le système est bloqué. Où est la démocratie là-dedans ? Comment s’étonner que la rue se substitue de temps à autre à l’expression feutrée et anesthésiante du vote majoritaire ?

Y a-t-il un autre pays prétendu démocratique où de telles situations existent ?

 

Spiritualité

Un concept équivoque.

La spiritualité tient à ce qui est indépendant de la matière corporelle. Elle abrite l’ensemble des croyances relatives à la vie de l’âme. La spiritualité fait partie de la trousse à outils de la religion, soigneusement remisée dans la pochette « premiers secours ».

Ce mot est un dangereux véhicule, il entretient un ignorant aveuglement. Il masque des illusions, des fables, des angoisses, un profond refus de notre inconnaissance fondamentale. Il représente l’un des plus parfaits modes d’asservissement qui se puisse imaginer. Il introduit dans le discours le dualisme comme allant de soi. Spiritualité distingue matière et esprit, comme si celui-ci était indépendant de celle-là.

La divine noblesse de l’esprit assimilé à un souffle envoyé par Dieu, contre l’ignoble asservissement de la matière au Démon.

Qui a jamais capturé et mis en bouteille un souffle du Saint-Esprit, curieusement représenté dans l’iconographie chrétienne par une variété de pigeon domestique ?

En quoi le fait qu’une activité mentale existe, que des émotions, des sentiments, des aspirations, des besoins, des désirs, des pensées nous habitent justifie la création d’une catégorie aussi inepte que la vie spirituelle ? Prétendre que le spirituel échappe à la matérialité équivaut à poser que l’électricité est indépendante des phénomènes physiques. Le transcendant religieux convoque l’esprit comme une négation de la Nature, il agit de manière antinaturelle contre la liberté humaine, ainsi que le relève Sartre (Situations II).

Avec un solide bon sens, le très salubre Rabelais affirme que les esprits animaux sont affinés par le cerveau, sans plus (Le Tiers livre, 4).

Sensibilité, mémoire, culture, perceptions, produisent l’immatériel de la pensée, constituent son inconnue. Est-ce une raison suffisante pour inventer un monde merveilleux, le déclarer vrai et imposer aux gogos des contes de fées ?

 

 

 

 

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