Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Epistoles-improbables - Blogue-notes de Jean Klépal

Ravachol et Cie

28 Août 2015 , Rédigé par Blogue-note de Jean Klépal Publié dans #Anarchisme ; Attentats ; Extrémisme

Au tournant des siècles 19 et 20, une série d’attentats et d’attaques à main armée défrayèrent la chronique politique et judiciaire.

On se souvient aujourd’hui encore de François Ravachol (1859-1892), de Jules Bonnot (1876-1912) et sa bande, comme d’Auguste Vaillant (1861-1894) lançant une bombe dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, ou de Sante Geronimo Caserio (1873-1894) l’assassin du Président Sadi Carnot, à Lyon.

Les uns et les autres sont des laissés pour compte, ayant connu une enfance très perturbée, totalement paumés, très influencés par la lecture de textes anarchistes dans lesquels ils ont trouvé une justification à leur révolte ainsi que des voies pour mener une lutte radicale contre une société injuste qu’ils abhorrent.

Certains d’entre eux sont devenus après leur mort symboles d’une révolte désespérée contre la société et l’Etat qui la défend, ils ont même parfois revêtu une apparence mythique au-delà des milieux anarchiques. Le cinéma, la chanson, se sont emparés de l’un ou l’autre.

« Voilà pourquoi j’ai commis les actes que l’on me reproche et qui ne sont que la conséquence logique de l’état barbare d’une société qui ne fait qu’augmenter le nombre de ses victimes par la rigueur de ses lois qui sévissent contre les effets sans jamais toucher aux causes » a déclaré Ravachol lors du procès qui le conduisit à la peine capitale.

>

Curieux parallèle avec ce que nous connaissons aujourd’hui. Étonnement que personne apparemment n’ait jusqu’à présent établi le rapprochement. On glose sur les ismes et la nécessité du renforcement de la sécurité, rien de plus. Naïveté ou erreur d’interprétation, j’aimerais bien recueillir des avis là-dessus.

Plus d’un siècle plus tard, les mêmes causes, misère, chômage, inculture, exclusion, rigidité des principes, produisent semble-t-il les mêmes effets. Si cela est vrai chez nous, ça l’est également aux États-Unis où les tueries succèdent aux tueries, à intervalles rapprochés.

Révolvers et kalachnikov d’une part, répression d’autre part, font office d’antiseptique social. Les apparences de la démocratie reculent chaque jour un peu plus, cela suscite à peine des commentaires.

Rien n’a vraiment changé, attentats ciblés ou aveugles, djihadisme et islamisme ont simplement remplacé anarchisme. Ils permettent d’évacuer on ne peut mieux les causes profondes des dérives que nous savons. Ces causes sont si profondes, leur traitement remettrait de manière si radicale les fondements de l’organisation sociale, que s’y attaquer véritablement parait non seulement hors de portée, mais tout à fait hors de pensée.

Deux discours extrémistes, celui des ennemis irréductibles de la société actuelle, comme celui de ses défenseurs acharnés, s’annihilent l’un l’autre.

Le progrès est nul, l’acharnement à ne rien modifier au-delà des apparences est totalement suicidaire.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Il me semble que la violence mondialisée, généralisée, ne naît pas seulement de l'oppression par un système pervers. Si elle s'exacerbe, en même temps d'ailleurs qu'à l'inverse s'approfondissent l'avachissement et l'autruchisme des peuples "développés", c'est qu'elle relève d'une panique globale devant les conséquences… de notre inconséquence ! La violence est fille de la peur, et l'humanité actuelle, dépassée par ses "progrès", et prenant peu à peu conscience de son effondrement en cours, est en pleine panique et se débat en touts sens, multipliant comme à plaisir les remèdes pires que le mal. Ai-je vraiment besoin de donner quelques exemples? Diesel, OGM, "croissance verte", lutte "anti-terroriste", transhumanité… Nous ne sommes pas tant dans une crise "politique" que dans une crise existentielle, pris au piège de notre hubris comme des rats dans une nasse qu'ils auraient eux-mêmes tissée. Cela dépasse individus et sociétés, c'est l'espèce en tant que telle qui est concernée. En ce sens, se focaliser sur la "renaissance" des extrêmes-droites alors que nous sommes totalement entre les mains de ce que j'appelle depuis plus de quinze ans le libéral-nazisme ne me semble pas pertinent. N'y a-t-il pas là une dangereuse erreur de perspective ? Ce qui ne signifie nullement qu'il faille approuver l'extrême-droitre, mais simplement qu'il serait plus utile de s'attaquer aux causes qu'aux conséquences…
Répondre
D
Le rapprochement entre la société telle qu'elle fonctionnait à l'époque de Ravachol et celle d'aujourd'hui est justifié, à ceci près que désormais les individus "démocratiquement" élus n'ont en vérité qu'un pouvoir de basse police. Ils ne sont que serviteurs d'un pouvoir de beaucoup supérieur, celui du fric qui a su se donner les moyens de ses ambitions, notamment mais pas que, en inventant l'Europe qui décide depuis sa statue de plâtre de ce qui est bon ou non pour les peuples (voir le comportement de ces gens vis-à-vis de la Grèce. Comparer anarchisme (le isme est inapproprié, n'existent que les anarchistes) et islamisme, intégrisme est, me semble-t-il, injurieux et inadéquat. L'anarchie n'est pas une religion, c'est même tout le contraire. Le pouvoir politique et économique confisqué par des individus que nous n'avons même pas élus ne sert que les intérêts des financiers, et de leurs affidés, au mépris total des hommes et des femmes dont il est écrit que l'on pourra bientôt se passer d'eux. C'est mon opinion et je m'y tiens. Salut et fraternité<br /> jcd
Répondre
B
Merci de cette réaction. Oui bien sûr, les modalités et les lieux d'expression du pouvoir se sont déplacés depuis un siècle. Cela ne change sans doute pas grand chose pour ceux qui sont considérés "en trop" ou "inutiles", et qui éprouvent douloureusement le mépris dans lequel ils sont tenus, le rejet dont ils sont l'objet.<br /> Certes, l'anarchi(sm)e n'est surtout pas une religion, le djihadisme non plus, quant à l'islamisme, il n'est souvent qu'un prétexte. Il ne s'agit sans doute le plus souvent que de supports justificatifs pour l'expression d'une violence meurtrière envisagée comme seule réponse possible à la violence subie, très profondément ressentie.
M
Mes lectures récentes me conduiraient si j'en avais l'envie et le temps vers plusieurs domaines d'études. Le religieux quand il constitue le prétexte à constituer des réseaux subventionnés, organisés et armés... dont les adhérents sont en effet souvent des cas qui intéressent plus la psychiatrie, la psychologie mais aussi la sociologie et la criminologie. Ici l'ignorance, le chômage, les familles dissolues, le manque d'intégration, le mal de vivre, le sens de ne pas appartenir, le sentiment de rejet. Nos politiques sont ''désarmés'' et la police a ses limites. Comment construire du sens, du bonheur, de la fraternité, de la justice...? voire, de la prospérité... <br /> Bonne journée, Jean et ne lâche rien! C'est comme tu es qu'on t'aime.
Répondre