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Epistoles-improbables - Blogue-notes de Jean Klépal

Emblèmes

9 Décembre 2017 , Rédigé par Blogue-note de Jean Klépal Publié dans #Jean d'Ormesson, Johnny Halliday

Coup sur coup, deux décès emblématiques d’un état trivial de la France actuelle.

Un dandy de la littérature, écrivain notable du second rayon, remarquable clown mondain, séduisant et facétieux, dont le départ fut bientôt éclipsé par une bête spectaculaire, emblème de la vulgarité dominante.

 

Le premier a eu droit à un hommage national dans la cour d’honneur des Invalides devant les Corps constitués. Bon, soit, rien à redire. Notable auréolé de gloire institutionnelle, cela fait partie du rituel officiel et du décorum sans doute nécessaire au maintien des choses en l’état.

 

L’autre, excessif en tout, drogue, violence, démesure, filouterie fiscale, l’ensemble subitement occulté, il devient une référence louée à la quasi-unanimité.

Le Président de la République va jusqu’à le qualifier « héros national » ! Un « hommage populaire » de l’Arc de triomphe à la Madeleine, via la Concorde, lui est ménagé, avant une inhumation dans un paradis fiscal, comme il se doit.

Durant des heures et des heures les médias ouvrent jusqu’à la nausée les robinets de l’angélisme sirupeux.

Il n’y en a que pour lui. Il parvient même à estomper la folie destructrice de Trump, à oblitérer l’ensemble des questions se posant au pays comme à la planète. La diversion populacière joue à fond.

La classe politique dominante, à laquelle il a si bien accepté de servir, est quasi unanime. Si une voix d’en face un tantinet divergente se fait jour, elle atténue rapidement son propos.

 

L’obscénité de ces pleurs collectifs et de la mise en scène d’un « hommage populaire » est presque indicible.

L’abjection règne.

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M
J'ai pleuré avant-hier, oui j'ai pleuré à la mort de Léonard de Vinci. Sophie Chauveau est l'auteur de "L'obsession Vinci " Elle rend ses personnages si vivants qu'on les voudrait éternels. Elle a écrit aussi "La fabrique des pervers", un livre époustouflant aussi de vie et d'intelligence sur "la terre incognita" que sont les femmes (Freud dixit) pour les hommes (En effet, lire Annie Ernaux, Lydie Salveyre, S Chauveau etc. ouvre un point de vue sur des vécus que les hommes et même certaines femmes ignorent ou dénient.) <br /> J'ai pleuré à la mort de Brassens, à la mort de Maryse Vaillant, un auteur dont je n'avais fait que lire les oeuvres mais dont je me sentais rien qu'à la lire l'amie. On me dit que Boris Cyrulnik est très mal. Je pleurerai encore. En attendant, de faire mon deuil de Léonard, je suis les multiples conférences de L'Opera Mundi sur les spécialistes de l'anthropocène qui ont lieu à Marseille et ses environs toute l'année. Et demain, j'espère ne pas rater la conférence de Alain Jaubert sur le thème " de la Joconde à la moustache d'Hitler ". Cet homme adorable a créé la série Palette et a écrit différents livres dont un délicieux érotique qui se passe à Pompéi, qu'il n'a fait que me dédicacer...
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J
Je trouve fort intéressant le rappel de l'apologue de la Lune, du Sage et du doigt. Oui, pourquoi montrer la Lune, sinon pour indiquer un ailleurs envisageable, une autre façon d'appliquer son regard, pour inciter à un dépassement ? Aujourd'hui ces notions ont-elles lieu d'être ? Le sentiment de manque, le constat de solitude massique, existent. Mais à force de reniements, d'involutions tous azimuts, de déceptions, d'angoisses, nul ailleurs, nulle utopie, ne semblent plus guère avoir d'espace possible. Reste alors le doigt Johnny, à regarder d'autant plus que plusieurs générations l'ont connu. Au fait, comme pour Charlie, à en croire les photos, la foule ne paraissait pas très composite : peu de jeunes, des gens relativement âgés, beaucoup d'hommes, apparemment d'origines voisines. Une masse accablée, habilement récupérée par un discours politique lénifiant.
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K
Je connais un grossiste en mouchoirs, si ça vous intéresse?
J
Bonjour,<br /> <br /> MM d'Ormesson et Hallyday ont fait partie de mon paysage lointain sans que j'ai jamais lu l'un ni apprécié le second. Ils étaient là, c'est tout. Leur mort ne m'atteint pas. Et je ne pense pas être le seul.<br /> <br /> Pourquoi alors la mort du chanteur a-t'elle occupé à ce point l'espace national ? Au-delà des analyses socio-politico-showbiziennes, je remarque simplement que cela a donné l'occasion à un nombre impressionnant de personnes de se rassembler et de vivre un moment intense ensemble. Un million de personnes dans la rue, cela signifie beaucoup plus encore devant leurs postes (radio, télé, réseaux sociaux, etc…). C'est énorme ! <br /> <br /> Je trouve dans cette réaction la recherche d'un "vivre et sentir ensemble" d'une société de plus en plus réduite à ses individualités. J'y vois le même mécanisme que les mouvements d'emballement, de ferveur, d'exaltation qui, toutes proportions gardées, avaient suivi l'attentat de Charlie. (Mais là, les morts m'étaient plus proches.)<br /> <br /> Pour reprendre la fable du sage, de la lune, du doigt et de l'imbécile, s'est-on jamais demandé pourquoi le sage montrait la lune ?
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A
Bonjour, <br /> <br /> Ce qui me viens à l'esprit est surtout l'industrie artistique et culturelle et toute la parade à grand financement public, ce qui n'enlève certainement rien au mérite et peut-être au talent, c'est selon le taux de salinité aimé de chacun (les goûts, les couleurs).<br /> <br /> Je dois dire que je trouve aussi une certaine démesure jusqu'à un certain écoeurement mais la détention de pouvoirs globaux se doit d'instaurer sa nasse et ses nouveaux mythes par la diversion, la division et le spectacle, tout cela fortement armé, oui quand même faut pas déconner...<br /> <br /> Le traitement des "médias généraux", le choix des priorités...que dire...la Palestine...chut...Liberté, Egalité, Fraternité.<br /> <br /> Alors certainement que nous sommes snobs, amères, avec du ressentiment...<br /> <br /> Nous avons aussi le droit d'être minoritaires, nous avons aussi le droit de vivre autrement, de vouloir pouvoir vivre autrement collectivement, que dans ce simulacre des valeurs de nos sociétés soit disantes démocratiques, "pauvre Martin, pauvre misère" toujours bêchant toujours bêchant la terre des autres et mort sans vouloir déranger les gens. <br /> <br /> Vraiment de l'écoeurement et un gai savoir.<br /> <br /> "On a souvent tendance à confondre les bons sentiments avec les actes bons".<br /> <br /> Vraiment ce qui me glace sont tous ces simulacres, du droit de l'hommiste financio-libéral à l'expert en communication, du directeur des ressources humaines au moraliste de la société du spectacle, où est "la parole donnée"?<br /> <br /> Cordialement
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S
Bravo, Jean, les minorités ne doivent pas se laisser opprimer sans rien dire !<br /> J'ai signalé ta mise au point sur mon blog en tête de celle que j'ai commise :<br /> AU ROYAUME DES BOUFFONS, ON EST PRIÉ D’HURLER AVEC LES MOUTONS…<br /> que tu retrouveras en copiant ce lien:<br /> http://www.ateliersdartistes.com/ecrire/?exec=article&id_article=10812#
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É
Les paris sont ouverts : quand Johnny sera-t-il canonisé ? Je propose déjà un nouvel I.N.R.I. : Johnny de Nashville, roi des junkies.
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R
Ton blog dit exactement ce qui aurait du être dit, mais j’ai vainement attendu, sur nos chaînes, une once de critique.<br /> La médiocrité aplanit les différences sociales, etc…<br /> <br /> Cher Jean, faudra-t-il que des vieux comme nous balancent leurs quatre vérités aux crapules du pouvoir (médiatique et autres) ?<br /> En attendant, déjà quatre morts en Palestine. À défaut de lutter contre le réchauffement climatique, l’admirable Trump se préoccupe de lutter contre l’excès démographique. Chacun fait ce qu’il peut, n’est-ce pas ?<br /> <br /> Mon amitié.
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M
Vu du Canada et vu par moi, il y a à la fois du ressentiment et du snobisme dans ces propos, comme de l'amertume. <br /> <br /> Mon point de vue personnel, qui n'intéresse sans doute que moi; Jean D'ormesson qui par sa naissance pouvait espérer une vie aisée et facile, a eu l'intelligence de se donner une vie intelligente, aisée et facile. Spirituel et bien dans sa peau, l'homme faisait plaisir à voir. J'aurais donné cher pour passer une semaine avec lui dans les coins méconnus de Venise. Il a vulgarisé la grande littérature atteignant des grands publics, dont je fais partie et je l'en remercie. <br /> Quant à Johnny, que j'ai eu la chance de voir à Montréal, lors de son dernier et rare passage au Canada, il était très exceptionnel. Fan d'Elvis comme toute jeune Canadienne des années '50, je lui ai préféré Johnny et il reste sur ce sujet un litige avec ma soeur aînée. L'homme se donnait et son public l'adorait car se sentant en véritable communion avec l'idole. Il a étudié le chant très sérieusement; il maîtrisait cette voix malgré les déferlantes voulues par moment. Oui, j'ai comme du chagrin. Que voilà deux êtres exceptionnels et que j'admirais sincèrement.
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S
Juste un point de détail : de Venise, d'Ormesson, comme tant d'autres intellectuels de pacotille, ne connaissait que les gens connus et les endroits courus… Si vous voulez passer une semaine à Venise pour en découvrir les endroits méconnus, je suis votre serviteur !
J
Ressentiment, snobisme et amertume me font bien rire. Un bon point pour l'humour québécois !
R
Cher Jean,<br /> Ce que je rumine depuis cette semaine et ces évènements est si bien résumé par toi que je n'ai rien à ajouter.<br /> Merci de l'avoir exprimé.<br /> Tiens bon ( on n'en a pas fini!!).<br /> L.R.
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