Emblèmes
Coup sur coup, deux décès emblématiques d’un état trivial de la France actuelle.
Un dandy de la littérature, écrivain notable du second rayon, remarquable clown mondain, séduisant et facétieux, dont le départ fut bientôt éclipsé par une bête spectaculaire, emblème de la vulgarité dominante.
Le premier a eu droit à un hommage national dans la cour d’honneur des Invalides devant les Corps constitués. Bon, soit, rien à redire. Notable auréolé de gloire institutionnelle, cela fait partie du rituel officiel et du décorum sans doute nécessaire au maintien des choses en l’état.
L’autre, excessif en tout, drogue, violence, démesure, filouterie fiscale, l’ensemble subitement occulté, il devient une référence louée à la quasi-unanimité.
Le Président de la République va jusqu’à le qualifier « héros national » ! Un « hommage populaire » de l’Arc de triomphe à la Madeleine, via la Concorde, lui est ménagé, avant une inhumation dans un paradis fiscal, comme il se doit.
Durant des heures et des heures les médias ouvrent jusqu’à la nausée les robinets de l’angélisme sirupeux.
Il n’y en a que pour lui. Il parvient même à estomper la folie destructrice de Trump, à oblitérer l’ensemble des questions se posant au pays comme à la planète. La diversion populacière joue à fond.
La classe politique dominante, à laquelle il a si bien accepté de servir, est quasi unanime. Si une voix d’en face un tantinet divergente se fait jour, elle atténue rapidement son propos.
L’obscénité de ces pleurs collectifs et de la mise en scène d’un « hommage populaire » est presque indicible.
L’abjection règne.