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Epistoles-improbables - Blogue-notes de Jean Klépal

Culture et crédulité

28 Mars 2020 , Rédigé par Blogue-note de Jean Klépal Publié dans #Culture, crédulité, Montaigne, Descartes,, #allant-de-soi, Naomi KLein

 

De récentes prises de position formulées dans mon entourage à partir de l’actualité socio-politique m’interrogent sur la conduite de pensée de personnes réputées posséder un bagage culturel non négligeable.

Ces prises de position concernent toujours  des informations ou des points de vue différents de ce que l’on entend communément, qui par-là dérangent.  Elles s’expriment soit par une mise en doute, soit selon une contestation plutôt spontanée, parfois véhémente. Leur aspect émotionnel frappe à chaque fois. Elles semblent fréquemment correspondre à une réaction de défense immédiate, elles vont dans le sens d‘une mise en doute, voire d’une vigoureuse réfutation. Agressivité et démesure les caractérisent la plupart du temps.

D’où une question apparemment paradoxale : La culture pourrait-elle entraîner la crédulité ?

Nous savons depuis longtemps combien il est illusoire d’associer niveau culturel et capacité de réflexion. Le stockage de connaissances n’a évidemment rien à voir avec l’usage qu’on en fait. Cela semble indubitable, méfions-nous des sachants, et cependant… Déjà Montaigne : « mieux vaut une tête bien faite plutôt que bien pleine ».

Quels symptômes nourrissent la question ? J’en relève deux :

- La tendance à tenir pour vrai ce qui va dans le sens commun. (Vox populi, vox dei. Ah, bon !)

- La tendance à orienter les recherches d’information en accordant la priorité à ce qui va dans le sens des croyances de qui cherche.

Cela provoque des pathologies bien particulières, tenant au congé donné à la raison ainsi qu’à toute démarche personnelle authentique.

Ce qui entraîne :

- Hyper sensibilité aux opinions générales, ainsi qu’aux évidences communes, c’est à dire aux « allant de soi ». (Comme cela « va de soi », toute mise en question est superflue.)

- Suspension de l’exercice de la pensée, et dispense du doute critique (Descartes : « ne jamais recevoir aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle »).

- Crispation méningée avec perte de porosité intellectuelle (minéralisation de la masse spongieuse cervicale), conduisant à des stéréotypes et des rigidités chroniques. (Prêt à penser, prêt à porter, pensée jetable.)

Les temps que nous vivons en ces moments de confinement généralisé sont très propices à ce genre de pathologie.

Parviendrons-nous à nous en garder malgré l’entretien permanent d’un climat de panique ?

Parviendrons-nous à réaliser combien le pouvoir cherche à culpabiliser les individus pour les soumettre et éloigner toute menace de rébellion ?

Parviendrons-nous à réaliser la constance de cette stratégie, depuis la fable de la dette publique issue de modes de vie déraisonnables, bien que soigneusement entretenus par la publicité et les « lois du marché », ainsi que par la primauté de la finance internationale ?

Parviendrons-nous à réaliser combien la déroute actuelle est la conséquence d’un appauvrissement obstiné du système de santé depuis quinze à vingt ans, et non pas le seul fait de « comportements irresponsables » de la population, peu respectueuses des mesures de sauve-qui-peut telles que le confinement, réponse médiévale à un fléau non anticipé ?

Parviendrons-nous à réaliser que le pouvoir n’a de cesse de lancer des leurres médiatiques ne correspondant à aucune réalité factuelle, pour canaliser une colère justifiée et masquer les conséquences effarantes de la doctrine libérale dont il est un des champions ?

Naomi Klein précise utilement dans un entretien récent que « la stratégie politique consiste à utiliser les crises à grande échelle pour faire avancer des politiques qui approfondissent sys­té­ma­ti­que­ment les inégalités,1 enrichissent les élites et affaiblissent les autres. En temps de crise, les gens ont tendance à se concentrer sur les urgences quotidiennes pour survivre à cette crise, quelle qu’elle soit, et ont tendance à trop compter sur ceux qui sont au pouvoir. En temps de crise, nous détournons un peu les yeux, loin du jeu réel. »

 

 

 

[1] Vingt-cinq ordonnances bousculant le droit du travail, prises à la hâte par le gouvernement dimanche 22 mars 2020. Présentation au Conseil des Ministres, 26 mars 2020, de règles dérogatoires au Droit pénal.

Cynisme des déclarations présidentielles du 25 mars 2020 à Mulhouse, annonçant une aide exceptionnelle à un système de santé délibérément affaibli.   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Bonjour Jean.<br /> <br /> Dasein et Technologie.<br /> <br /> Existe-t-il un arbre augmenté ?<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> À l’heure de la mise en place technique et technologique d’un potentiel Homme augmenté, quelle est notre place dans le cosmos, à l’heure des théories des multivers ? Peut-il vraiment exister un Homme augmenté ? Telle est une des questions que nous pose, à nous humanité, un bout d’ARN munie d’une membrane, d’une couronne du vivant. Le SRAS-CoV-2*.<br /> Après avoir vidé le cosmos des dieux dans nos démocraties libérales, sommes-nous en train de vidé l’ici-bas, le sublunaire d’Aristote, de l’Homme ? Nos yeux ne sont adaptés qu’à ce qui peut être vu dans leurs espaces/temps. C’est notre esprit, scientifique et poétique, qui peut séjourner dans les infinis, infiniment petits ou grands. En astrophysique voilà l’équation à résoudre, comprendre l’adéquation entre le quantique (l’infiniment petit) et le gravitationnel (l’infini grand). Trouvez le liant. Ce qui fait un commun. Et d’un probable, un possible.<br /> <br /> Venons-en au sujet.<br /> <br /> Cette pandémie du virus SRAS-CoV-2 nous pose la question de, outre l’organisation matérielle concrète pour la gérer, sommes nous devenu des maîtres omniscients sur la Terre, maître de tout au point que dans nos sociétés dîtes développées, de la gare néolibérale, les rails se dessinent pour le transhumanisme ? Le toujours plus de croissance, le toujours plus d’argent, l’accumulation de bien matériel, la consommation compulsive, la technologie reine, alpha et oméga de l’existence, est-ce cela l’horizon des évènements ? Faisant d’Homo œconomicus un Homo deus ?<br /> <br /> Force est de constater dans ce contexte sanitaire que sans l’Homme la technologie n’est quasi rien, évident me direz-vous, cela coule de source, mais prenons garde à ce que l’Homme ne devienne pas ce quasi rien avec l’avancée de la technologie, la main mise des techniciens, statisticiens et autres gestionnaires comptables. L’intelligence artificielle, les logiciels deep learning couplés à une robotique plus déliée au niveau moteur, les outils de pistage, de reconnaissance faciale des caméras ect ect peuvent très vite avoir une certaine autonomie et surtout permettre une société autoritaire de contrôle et de répression. Et puis bien sûr la main mise sur les systèmes d’informations. Aussi derrière les vitrines étatiques, les arrières cours diplomatiques (sic), services de renseignements, domaine militaire, géopolitique, services de géostratégie pour la production, les stocks et les routes énergétiques, influence informationnelle, désinformation, déstabilisation géographique, interventions et frappes chirurgicales, conquête de l’espace, des orbites basses pour les satellites militaires entre autres.<br /> <br /> Car oui, ce qui pour certains, brille à nouveau, c’est qu’il faut du commun entre les humains, une organisation autour d’un commun tangible, que l’argent et la technologie, bien que nécessaire, ne peuvent pas tout. Les applaudissements tous les soirs à 20 heures sont bienveillants mais ils ne suffisent pas, car oui il faut investir un commun pour avoir un système de santé avec ses personnels, oui il faut des infirmières, des aides soignantes, des blanchisseuses, des femmes de ménage…<br /> <br /> Pour se nourrir ? Oui, il faut des agriculteurs près de chez soi, des transporteurs, des caissières, des épiceries de centre-ville. Oui il faut aussi des éboueurs, des professeurs, des éducateurs sportifs, culturels, artistiques, spécialisés et autres pour s’occuper des jeunes, les former, leur transmettre. Mille fois oui, il faut de l’argent pour la recherche scientifique, pour l’Art et la Culture non assermentés. Mille fois oui il faut des industries près de chez soi.<br /> <br /> Il ne s’agit pas ici d’opposer qui que ce soit, il faut de tous les métiers pour faire un monde. La question est la place de chacun et de sa juste reconnaissance sociale, donc, par les temps qui courent malgré le confinement de plus de 1,5 milliards d’humains au 28/03/2020, du salaire, le prix du travail.<br /> <br /> Jusqu’ici, et certainement demain, quid de la subordination sociale par le salaire, quid du statut social. Quel est le salaire moyen des catégories professionnelles énumérées ci-dessus ? Quid de l’échelle des salaires ? Quid des métiers autour de l’humain par rapport aux métiers autour de l’argent et de la société du spectacle ? Quid du mérite républicain, de la méritocratie républicaine ? <br /> Pour qui ? Pourquoi ? Comment ?<br /> <br /> Alors bien sûr, rien n’est tout blanc ou tout noir. Bien sûr que la technologie est nécessaire, que les métiers autour de l’argent sont nécessaires, simplement ne faut-il pas remettre les choses dans le bon sens. La technologie et l’argent au service de l’humain, du vivant, des existences multiples, des peuples, de la biodiversité et de la Terre. J’entends beaucoup dire qu’il faut, après la crise, trouver un autre modèle de société, changer les choses. Effectivement certains se réveillent comme d’un rêve éveillé. Il me semble qu’il n’y a qu’à regarder devant nous, nous y verrons nos arrières, le socle n’est-il pas là, puiser dans les sagesses antiques des diverses civilisations ? Effectivement c’est là dans le multiple des civilisations que se dégage l’unité qui fait Homme. Ces sagesses sont le lien du cosmos et de l’Homme, car la question écologique et de nécessité vitale, ces sagesses sont d’une actualité vibrante, elles nous apprennent que nous ne sommes qu’un avec le cosmos, le vivant. Ah les pseudos écologistes plein de croissance et de béton en trottinette. Fumisterie. Oui, fumisterie, pour ne pas être plus vulgaire.<br /> <br /> Aller de l’avant, bien sûr, avec tout ce que constitue l’existence humaine mais en restant à sa place d’être humain. L’accumulation du capital, des biens immobiliers, l’entassement des biens de consommation ne doivent plus être ce qui fonde nos valeurs. Car effectivement nous confondant les actes bons et les belles paroles, même drapés du chiton démocratie. Non Liberté Egalité Fraternité et les droits de l’Homme ne sont plus les valeurs premières, ce ne sont que des faire-part, souvent des simulacres, au pire des stratagèmes, tout le monde le sait bien, ou alors certains s’en sont accaparés la possibilité mais pour eux. D’autres feignent toujours, car pour eux, pour l’instant, tout va bien. Mais à l’heure actuelle où tout le monde est touché dans son existence propre ? Des consciences commencent à frémir mais pour combien de temps ? Par quels moyens entraîner les différents détenteurs des pouvoirs ?<br /> <br /> Alors espérons effectivement une prise de conscience, même si au fond de moi je n’y crois guère. Les comportements humains de domination, les comportements de cour autour des dominants, de ceux qui ont le pouvoir, la société du spectacle et des apparences, le simulacre des valeurs et des existences, sont des mécanismes qui demandent une certaine attention à l’autre et à soi-même, une certaine connaissance, une certaine curiosité, une certaine sagesse, une certaine sérénité, une volonté forte, un courage humaniste et surtout une certaine probité pour être rompus. Le genre de vertus qui font les Hommes en temps troublés, aux temps où les civilisations basculent, s’effondrent vers de nouvelles aurores. Cycles de destruction-création.<br /> <br /> Au temple d’Apollon à Delphes selon le Charmide de Platon ; était écrit d’un côté, « Connais-toi toi-même », et de l’autre côté « Rien de trop ». <br /> <br /> Puisse cela nous guider enfin pour quelques temps.<br /> <br /> <br /> N.B : Référence Wikipédia.<br /> Le SARS-CoV-2 (acronyme de l’anglais severe acute respiratory syndrome coronavirus 2) ou coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (abrégé SRAS-CoV-2 en français). Le SARS-CoV-2 est apparenté au coronavirus responsable du SRAS, le SARS-COV et appartient comme celui-ci à l'espèce virale SARSs-CoV, dans le sous-genre Sarbecovirus du genre Betacoronavirus. Avec ses 125 nanomètres de diamètre et un ARN très long (30kb), c'est le plus grand des virus à ARN.<br /> Les coronavirus, qui doivent leur nom à la forme de couronne qu’ont les protéines qui les enrobent, font partie d’une vaste famille de virus dont certains infectent différents animaux, d'autres l'homme. Ils sont susceptibles d’être à l’origine d’un large éventail de maladies. Chez l’homme, ces maladies vont du rhume banal à une infection pulmonaire sévère, responsable d’une détresse respiratoire aiguë.
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